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Les seniors ont plus la cote que les jeunes

 Les seniors ont plus la cote que les jeunes

ANALYSE – Les statistiques de l’emploi salarié sont imparables: il y a de plus en plus d’actifs seniors et de moins en moins d’actifs jeunes sur le marché du travail. Un paradoxe qui s’explique par les réformes des retraites votées sous la droite entre 2003 et 2010.

Il y a deux statistiques sur l’emploi, très intéressantes, qui ont été publiées la semaine dernière et sont passées relativement inaperçues… alors qu’elles en disent beaucoup sur l’état actuel du marché du travail. A en croire l’Insee, le nombre de jeunes (moins de 25 ans) en emploi a reculé de 0,7 point en 2014, pour atteindre 27,8%, un plus bas historique, en baisse de plus de 4 points en six ans. Et celui des seniors (plus de 50 ans) a bondi de 1,4 point, à 59,2%, un record. En un plus de dix ans, la progression se monte à plus de 6 points! Mieux, le nombre de plus de 55 ans en emploi a quant à lui pris 2,2 points, pour se fixer à 47,9%, là encore un plus haut jamais atteint. L’envolée est impressionnante: + 11 points depuis 2003.

Ce contraste -entre un très faible taux d’emploi des jeunes dont François Hollande a pourtant fait sa priorité et celui des seniors, à son plus haut historique alors que l’exécutif les a plutôt délaissés depuis le début du quinquennat- s’explique aisément. Et il ne doit rien au gouvernement socialiste. Prenons tout d’abord les plus de 50 ans, et notamment les plus de 55 ans. Le bond de leur taux d’emploi est la conséquence directe des réformes passées des retraites (Fillon 2003, Bertrand 2008 et Woerth 2010) et des mesures qui visaient à maintenir en emploi des salariés les plus âgés.

Hausse de la durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein, amélioration des surcôtes pour inciter les retraités à reprendre une activité partielle, relèvement de l’âge de départ à la retraite (de 60 à 62 ans) ou encore suppression progressive des dispenses de recherche d’emploi pour les chômeurs proches de la retraite… ces quatre mesures ont poussé les entreprises à garder plus longtemps leurs salariés âgés en activité. Mais également dopé le nombre de chômeurs âgés, qui a encore progressé de 0,4 point en 2014.

Pour les jeunes, le raisonnement est diamétralement inverse. Leur entrée sur le marché du travail étant beaucoup plus difficile qu’avant (le taux de chômage des jeunes actifs, à 23,7%, a rarement été aussi élevé même s’il est inférieur de 1,5 point à celui de fin 2012), beaucoup de moins de 25 ans choisissent de différer autant que faire se peut leur plongeon dans le grand bain de la vie active. Soit en continuant leurs études -pour ceux qui en font- via une année supplémentaire ou en débutant un nouveau cursus. Soit en se prenant -quand ils en ont naturellement les moyens- une année sabbatique pour faire le tour du monde ou se perfectionner dans une langue étrangère.

Résultat, de moins en moins de jeunes entrent chaque année sur le marché du travail (la baisse du nombre de jeunes actifs atteint 0,4 point en 2014). Et ce, malgré les efforts et les milliards d’euros déployés par les pouvoirs publics (contrats aidés, emploi d’avenir, contrats de génération…) pour leur mettre le pied à l’étrier.

 

Figaro


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