15 Mar Les femmes, premières victimes de la précarité de l’emploi
Si l’avant-projet de loi El Khomri concourt à la précarisation des salariés de manière générale, ce sont les femmes qui en feront le plus les frais. Les enquêtes statistiques montrent en effet que ce sont principalement elles qui occupent les emplois les plus précaires. À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, voici donc un petit tour des inégalités qui frappent encore et toujours le « deuxième sexe ».
Selon l’étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) baptisée « Regards régionaux sur l’égalité » et publiée à l’occasion de cette journée, les femmes réussissent certes généralement plus facilement que les hommes sur le plan scolaire, mais ces derniers sont toujours mieux lotis lorsqu’ils arrivent sur le marché de l’emploi. Celles-là héritent souvent de postes ne correspondant pas à leur qualification et sont, de plus, moins bien payées que les hommes. Au niveau national, l’écart se situe aux alentours de 19 %. Les femmes cadres ne sont pas épargnées puisqu’elles gagnent en moyenne 23,5 % de moins que leurs collègues masculins. En France, l’égalité salariale est donc bien loin d’être effective …
Les femmes sont cantonnées aux postes les moins valorisées, à savoir les emplois et les services. En plus de leur travail, elles doivent assumer la majeure partie des tâches domestiques. Selon une étude de l’Insee publiée en octobre dernier, en France les femmes y consacreraient 20h32 par semaine contre seulement 8h38 pour les hommes. Concernant les enfants, si les hommes sont plus enclins à s’en occuper depuis une dizaine d’années, les soins aux enfants, les devoirs et les trajets restent encore assurés à 65 % par les mamans. Le cliché de la femme au foyer semble encore avoir de beaux jours devant lui.
Mais la précarisation des femmes au travail est avant tout un phénomène mondial persistant. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) dans son rapport sur les tendances 2016 intitulé « Femmes au travail » réalisé sur 178 pays, constate que les femmes restent les premières victimes du sous-emploi, de la précarité et sont surreprésentées au sein de l’économie informelle. Triple peine donc. En chiffres, cela donne un écart de salaire entre homme et femme de l’ordre de 23 % et un pourcentage de femmes au travail atteignant 46 % contre près de 72 % pour les hommes. Depuis la Conférence mondiale sur les femmes de 1995, l’écart en matière d’emploi n’aurait baissé que de 0,6 %.
Un bilan en demi-teinte. Car si de manière générale de nets progrès ont été accompli en matière d’accès aux soins et à l’éducation, cela n’a semble-t-il amélioré en rien la situation des femmes sur le marché de l’emploi. Les raisons ne manquent pas : sous-évaluation persistante du travail accompli et des compétences requises, discriminations de tout genre, interruptions de carrière, obligations familiales… La précarité a un visage, et c’est celui d’une femme.